Edition Spéciale
1918 – 2018 : une mémoire pour demain
A mesure que novembre avance, on en parle absolument partout. On l’entend « à la télévision et dans les journaux » disent les adultes l’air grave, « dans les leçons d’histoire à l’école », s’exclament les enfants. Si cet évènement est ultra-médiatisé c’est qu’il fait partie de notre histoire, de notre patrimoine. Le monde entier est au courant et il est impossible d’ignorer ne serait-ce que l’existence d’un tel évènement…
Je vous parle sans surprise de la Première Guerre mondiale. En 2018 nous commémorons les cent ans de la fin de la Grande Guerre dont l’armistice fut signé ce fameux 11 novembre 1918, dans la forêt de Compiègne, à Rethondes.
Remontons le cours du temps pour voir la vie en 14 – 18, au front comme ailleurs, et ce qu’il en résulte aujourd’hui. Zoom sur un effroyable conflit armé qui fut il y a 100 ans le théâtre du malheur, de la souffrance et de la mort…
En 1914 au début de la guerre, on part au combat l’air joyeux, du moins pour la plupart des combattants. Les chants militaires tels que La Marseillaise résonnent dans le crâne des soldats et de la foule. C’est un départ enthousiaste, patriotique et très optimiste; c’est le mythe de la fleur au fusil : la guerre ne durera pas longtemps et peu de soldats succomberont aux balles ennemies. Au départ on ne voit pas forcément la guerre d’un mauvais œil. Les soldats ne se doutent pas qu’ils vont avoir affaire aux pires conditions de vie et d’hygiène et qu’ils seront marqués à vie tant physiquement que mentalement. Pire, ils ne doutent pas de revenir ! Bien sûr ce conflit est une véritable guerre, mais les soldats et la population civile ne s’attendaient pas à une telle violence, à un tel enfer. On connaît moins la guerre du côté des femmes, des enfants et des personnes âgées qui ont pourtant joué un rôle clé durant cette période. Bien qu’absentes du front, les femmes ont souvent travaillé à l’usine pour fabriquer les précieuses munitions et bombes. Des travaux rudes mais utiles pour subvenir à leurs besoins. Les femmes et enfants de paysans ont tant bien que mal continué à cultiver la terre et les boulangeries ont fourni le pain pour la guerre. On parle en effet de guerre totale et mondiale car elle aura mobilisé toute la population, tous les corps de métiers, toute l’économie et toutes les institutions et aura impliqué de nombreux pays. Tous ces efforts de guerre auront permis à partir du 11 novembre 1918 de donner à la France la paix et la liberté. Des valeurs si méritées après quatre années de feu et de larmes, de sang et d’enfer.
Aujourd’hui nous sommes en novembre 2018. La montée du nationalisme et des puissances extrémistes au pouvoir dans beaucoup de pays représente de plus en plus de contraintes pour notre démocratie et les nombreuses attaques terroristes menacent l’unité et l’association des individus dans chaque pays. Cette paix si durement gagnée et que l’on croyait ’’ éternelle ’’ est aujourd’hui difficile à conserver, le devoir de souvenir nous rappelle l’importance de préserver ces valeurs.
Une mobilisation au niveau local
A l’occasion des cent ans de la fin de la Grande Guerre, beaucoup de villes et villages français ont souhaité marquer l’évènement en organisant, en plus de la commémoration du 11 novembre, des activités culturelles ouvertes à tous (rediffusion de films, reconstitutions théâtrales, lectures des lettres de poilus, expositions…). Les mairies et les institutions ont pris part au devoir de mémoire. Ces évènements contribuent au respect et au souvenir du conflit. L’ancienne génération se doit de transmettre aux nouvelles la chance de vivre dans un pays libre et en paix, des valeurs chères et durement gagnées.
Gradignan, ville girondine de plus de 25 000 habitants a réalisé de nombreuses activités dont plusieurs expositions dans la Médiathèque Jean Vautrin. Pour cela, la Mairie a fait appel à de nombreuses personnes possédant des documents ou objets authentiques de la Grande guerre. Monsieur Pierre D. en fait notamment partie. Nous l’avons rencontré :
Bonjour. Vous avez été sollicité pour l’organisation de ces expositions. Quels objets, lettres ou témoignages avez-vous prêtés ? Que symbolisent-ils pour vous ?
« J’ai prêté des objets de nature variée, dont la plupart sont des objets de collection comme des sabres, des épées et des baïonnettes. J’ai aussi prêté de l’artisanat de tranchée : des vases, des sculptures, etc. et des objets de famille (décoration militaire d’un grand père, livret militaire et fascicule de mobilisation). »
Comment les avez-vous obtenus ?
« Je collectionne beaucoup d’objets authentiques comme ceux-là. Je les ai donc précieusement conservés quand il s’agissait d’objets d’héritage comme le livret militaire. Mais j’ai aussi acheté des pièces pour agrandir ma collection. »
En participant, quel message souhaitez-vous transmettre aux Gradignanais ?
« Je n’ai pas participé pour ’’ transmettre ’’ mais plutôt pour rendre service car je possède beaucoup de pièces d’époque. Par contre il est vrai que ça aide à mieux connaître la période et j’invite tout le monde à s’y intéresser. »
Commémorer la Grande Guerre c’est aussi commémorer les valeurs défendues. Aujourd’hui nous vivons dans un monde où la liberté et la paix sont de plus en plus difficiles à conserver. Ce devoir de mémoire a-t-il une importance pour vous ?
« Évidemment, commémorer la Grande Guerre est d’une importance capitale pour moi car c’est sans doute la guerre la plus terrible, à cause du nombre de morts et de la nature des batailles, si l’on pense aux obus et aux bombardements. Il est donc important de ne pas oublier tous ces soldats qui ont connu l’enfer. »
Comment peut-on donc transmettre à la nouvelle génération ces valeurs et cette culture de guerre ?
« Je n’appellerais pas cela ’’ culture de guerre ’’ mais plutôt une culture des dégâts et conséquences de cette guerre. Je pense qu’il faut transmettre à la nouvelle génération l’idée de la fameuse phrase ’’ plus jamais ça ’’. Aussi, les jeunes doivent retenir la plus simple des leçons : ’’ L’affrontement n’est jamais la bonne solution pour résoudre un conflit ’’ ».
Si je vous suis, on doit comprendre que la Première Guerre mondiale a été inutile et désastreuse ?
« Oui en effet, c’est une guerre ’’ qu’on aurait pu éviter ’’. Un assassinat qui aurait du être réglé par une enquête de police à déclenché une guerre mondiale à cause des tensions diplomatiques et d’un effet domino du aux accords entre pays. »
Merci beaucoup d’avoir répondu à ces quelques questions.
Les conséquences de la guerre furent terribles : plus de dix millions de morts à travers le monde et des millions de blessés, de défigurés (appelés les « gueules cassées »), et d’invalides. Des interminables rangés de croix, des cimetières à perte de vue… des millions d’hommes sont morts au champ d’honneur mais leur courage, leur engagement et leur sacrifice pour un idéal de paix est un exemple pour nous, jeunes générations.
Emilien Cotrait
Passé de mode
Connaissez-vous le Minitel, une boîte très bruyante avec son clavier à clapet et un écran bombé ? « Hein ? Quoi ? C’est quoi ce truc ? » allez-vous me dire. C’est normal, si vous ne connaissez pas cette machine « révolutionnaire » qui a fait la joie des uns (« Vive la technologie et l’informatique ! » ) et l’agacement des autres (« Faites taire cette machine ! »).
Ce mini-ordinateur, une invention française, était lancé en 1983.
Le
Minitel accueillait notamment l’annuaire électronique pour « préserver
la forêt française » car les annuaires papier tels que les célèbres
Pages Jaunes (et Blanches) étaient coûteux en papier, donc en arbres.
Ce qui montre qu’on était déjà soucieux du développement durable à cette époque.
L’année
suivante, apparaît également le Kiosque qui est un ensemble de services
payants (programme TV, banque, communication entre particuliers,etc..),
comme le fait aujourd’hui l’opérateur téléphonique Orange par exemple
avec ses services à la demande.
Pendant Noël 1985, l’association
UFC-Que-Choisir (association pour les consommateurs) dénonce le
« Minitel mouchard » car les 8 octets de mémoire vive étaient utilisés
pour un « cookie » (non, pas le biscuit, c’est un fichier permettant de
conserver les pseudonymes d’une session à l’autre) et le Minitel ne
permet pas l’identification des utilisateurs. Cela soulevait déjà la
question sur la protection de la vie privée !
En 1991, le Minitel
était à deux doigts d’être commercialisé à l’étranger. Mais cela ne fut
pas le cas à cause des problèmes de normes techniques et de sa
réputation de « produit porté par l’État » (France Télécom qui
produisait le Minitel était une entreprise nationale).
Deux ans plus
tard, en 1993, cette petite machine bruyante (« J’entends rien ! Parle
plus fort ! ») est au sommet de sa carrière, juste avant l’arrivée
d’Internet qui va la dépasser assez rapidement (cette année-là, plus de
23000 services, 1 milliard de connexions et 6,7 milliards de francs
(soit 1,42 milliards d’euros) de recettes).
Le Minitel tire sa révérence en même temps que son réseau Transpac le 30 Juin 2012 (RIP 1983-2012)
Aujourd’hui,
il y a encore des collectionneurs de Minitel et des petits malins (des
étudiants) qui ont rétabli,en 2014, le réseau pour quelques temps.
(Utiliser Twitter avec un Minitel, défi impossible ? La preuve que
non !)
Le Minitel a révolutionné durant dix ans les technologies de
la communication, sa performance était aussi impressionnante que le
bruit qu’il faisait.
Désormais, cet objet qui a fait la fierté nationale dans les années 80 a plus sa place dans les brocantes et les vide-greniers que sur nos bureaux et dans nos salons.
Raphaël Carle
Arts et Culture
Lire en Poche 2018 : Emotions Fortes
Chaque année, à Gradignan, se tient le très attendu salon du livre de poche organisé par la ville. Le projet est soutenu par les collectivités territoriales mais aussi par certains commerçants et entreprises locales. C’est donc du 12 au 14 octobre 2018 qu’a eu lieu la 14ème édition de Lire en Poche, dans la médiathèque Jean Vautrin, le Théâtre Des Quatre Saisons et la plaine qui les sépare. Ce n’est pas pour rien que le thème de cette année est « Emotions fortes » : de nombreux auteurs ont fait apparition avec leurs livres tout public et pour tous les âges, suscitant comme toujours de grandes émotions.
Oui, soyons en sûr : il y en avait pour tous les goûts. Ils sont venus réveiller en nous l’angoisse d’un roman d’horreur ou la sensualité d’un roman d’amour, le suspense d’un policier et la stupéfaction d’une science fiction – et j’en passe –. Ces émotions de lecture, on en a besoin. On s’y réfugie à toutes époques et en toutes circonstances et c’est aussi notre pouvoir : lire un livre redonne de la liberté. D’autant plus nécessaire « Dans notre monde où certains ont eu peur de voir le livre disparaître », disait le maire de Gradignan Michel Labardin durant son discours d’inauguration. Au Théâtre Des Quatre Saisons, j’ai découvert Mathias Malzieu. L’auteur, musicien, écrivain et chanteur du groupe de rock Dionysos se produisait avec deux membres de son groupe. Entre lectures et chansons énergiques de rock, Mathias Malzieu nous explique le titre de son livre Journal d’un vampire en pyjama : alors qu’il luttait contre une maladie rare du sang, Mathias subissait des transfusions au moins toutes les semaines. D’où le nom de « vampire ». Cet homme incroyable aussi dynamique que positif a guéri grâce à une greffe de sang de cordon ombilical. Il a lui aussi exprimé ses émotions fortes comme l’empathie mais aussi la reconnaissance. Reconnaissance envers les infirmières d’une sympathie légendaire (qu’il surnomme « nimfirmières ») mais aussi aux donneurs qui l’ont donc sauvé. Aujourd’hui, il parraine une association de recherche sur la greffe de cellules souches et ne cesse de remercier du plus profond de son grand cœur tous les donneurs volontaires.
Des sourires, des cris, des fous-rires… l’édition du salon du livre de poche 2018 aura été riche… en émotions fortes ! A l’année prochaine pour l’édition Lire en Poche 2019.
Emilien Cotrait
Voyages & Jeunesse
Dublin – Bordeaux : larguons les amarres !
Un reportage de notre envoyé spécial sur la Tall Ship Regatta, Emilien Cotrait.
Dublin est loin mais Bordeaux ne me tarde pas… ici c’est un autre monde. Entre les couchers de soleil, la pêche, la navigation et… et cette impression d’être seul au monde… en étant bien entouré. Cette aventure est magique ! Tout à coup j’entends « Vite, vite ! Hissez la grande voile et la misaine, les autres aussi. Profitons du vent tant qu’il y en a ». Là il faut être réactif, sortir de sa bulle et tirer fort sur les bouts : on a besoin de bras pour hisser les 6 voiles rapidement et faire avancer le bateau ! Ah, car oui, la mer n’attend pas. A la plage on se baigne, mais dans la Manche aussi ! Comme au temps des pirates, on passe par-dessus bord – volontairement – et, les os glacés dans ces eaux, on prend le bain salé. Elle est gelée mais qu’est-ce que c’est amusant ! Et rare bien sûr, alors profitons de cette occase. Mais n’oubliez pas que sur le De Gallant on profite aussi de la vie tranquille, en pleine mer on fait avec les moyens du bord et on découvre en toute curiosité ce monde marin fascinant et imprévisible. Dans ce dossier vous trouverez mes plus belles photos de l’aventure et mon journal de bord. Durant le voyage, je remplissais un petit carnet chaque jour. J’y mettais les évènements de la journée – aussi variés soient-ils – comme les manœuvres, la lecture de carte, la navigation et la cuisine. La régate c’est aussi des moments chaleureux, des moments de partage et de convivialité. Loin de la terre ferme pendant dix jours, on est solidaires car comme le dit si bien le proverbe : « on est tous dans le même bateau ». Cette aventure représente quelque chose de vraiment exceptionnel pour moi, sans mot pour décrire ma satisfaction je vous invite à dévorer ce journal de bord. Récit d’un « trainee » (apprenti) sur le De Gallant lors de la Tall Ship Regatta 2018, de Dublin (Irlande) à Bordeaux (France).